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4e étape Gambassi Terme - San Gimigniano

22 octobre 2010, encore du bonheur plein les mirettes !
Permettez-moi de citer Jean-Yves Grégoire :
"13 kilomètres, à accomplir plutôt à la fraîche, dans la lumière dorée du soleil levant, lorsque les cyprès sur les flans de collines scintillent comme des cierges, tandis qu'une brune légère stagne dans les vallons. Quelle beauté ! Rien d'étonnant à ce que cette campagne ait inspiré les plus grands peintres de l'Histoire !"

San Gimigniano se dévoile à l'horizon, sur la fin de l'itinéraire, ses tours nous intriguent, la cité médiévale demeure intacte. Se retrouver sur la place, expresso, gelato, le soleil qui disparaît peu à peu, soudain un couple de mariés qui déboule sur la place, lui, costard flamboyant, faisant pératarader une vespa, sa femme, assise en amazone lui ceint la taille d'un main et relève de l'autre sa robe de mariée, laissant voir deux petits pieds chaussés de mules à pompom...
Italie, quand tu nous tiens...
Le soir, on file en autobus sur Florence, subjugués par un paysage grandiose.
Pour clore la journée, on s'enfile dans une trattoria qui sert des plats divins et on se glisse dans des draps immaculés dans un hôtel tendance écolo super sympa.


Fin de l'escapade.

3e étape San Miniato - Gambassi Terme

21 octobre 2010, 26 kil.
Que du bonheur ...LA journée du marcheur, idéale. Température agréable, 18°, soleil, brumes matinales, paysages de rêve.Chemins blancs entre rangées de cyprès et de thérébintes, chacun crapahute perdu dans ses pensées, point n'est besoin de parler. On est juste heureux d'être là, de découvrir cette Toscane sublime. A l'horizon se déclinent des plans coiffés de demeures typiques entourées d'oliviers et de cyprès. Comme sur des estampes japonaises. Personne sur le chemin, aucun village à traverser. Et le soir, arrivée à Gambassi, bonne surprise, un seul hôtel, fermé. Polo n'a pas envie de goûter l'hospitalité de la paroisse, pourtant gratuite.
Opération séduction à l'épicerie. "Dove si puo dormire ?"
La signora se démène, téléphone à Marco, proprio de l'auberge fermée, qui est à Milano, pour affaires, trouve la propritétaire, qui nous file la clé d'une chambre et nous voici à l'abri pour la nuit. On aurait pu aussi dormir dans l'Eglise mais Polo (toujours lui) n'est pas prêt pour ce genre de plan.
A parte linguistique :
La chiave se prononce chiavé (avec un son ch mouillé) et non pas kiavé, comme dans le reste de l'Italie. J'apprends par l'épicier que les Toscans sont fiers de leur dialecte qui adoucit les ch presque jusqu'au jota espagnol. Au début j'ai cru que mon interlocuteur était ibère ou qu'il zozotait, mais non, ici c'est normal.

2e étape Altopascio-San Miniato


20 octobre 2010, 25 km, un giorno di m....

Pour quitter Altopascio, la VF emprunte la route nationale...Il pleut des cordes. Arrêt d'urgence, on enfile la méga pélerine du pélerin, celle qui nous transforme en croquignol bossu, tenue très seyante et sexy. Pendant l'opération, je laisse tomber mon guide, m'en aperçois 2 kil plus tard. Retour case départ, sur une route sans bas-côtés, douchés par chaque camion qui nous frôle à 100 à l'heure. A Galeno, on profite d'une ancienne via pavée sur 1 kil. Au prochain bled, Polo glisse sur un morceau de plastic et se prend la gamelle du jour au milieu de la route, évitant de justesse d'emmener avec lui deux petites vieilles. Cul trempé, jambe trouée, avalanche de jurons marseillais. On repart. Pour emprunter un chemin dans une forêt de sapins transformé en mare tous les 100 mètres. Soit on enlève les chaussures pour traverser au risque de glisser sur la grenouille locale, soit on passe par le bord du chemin et on se fait déchiqueter par les ronces. Les jurons marseillais se précisent... dans un répertoire que je ne saurais citer ici...
Fin de journée, fourbus et grinchus, on attaque la montée de San Miniato pour aller dormir au couvent San Francesco. Mais... porte close. J'appelle les curés super-branchés :

- Per parlare con Fratello Luigi, pressare 1

- Per parlare con Fratelle Giovanni, pressare 2...

... après énumération de tous les fratelli, on repart au fratello No 1, sur une petite musique de messe. Mais d'accueil, que nenni, on reste derrière la porte close du couvent. Finalement, la pie grièche de l'ufficio del turismo nous envoie chez un Papi qui nous propose un clapier pour 60 euros, sans collazione. Sanglier, cloporte, cancrelat...il aura droit aux restes de notre courroux.
Conseil : ne dormez pas à la Casa Romagnoli de San Miniato ou alors prenez une bonne dose de somnifères pour oublier cet endroit sinistre. Comme d'ailleurs le Palazzo communale qui n'en finit pas de s'étirer pompeusement sur une place froide et austère.

Le matin on s'enfuit sous un beau soleil.

1ère étape Lucca - Altopascio

18 octobre 2010
Hasard de la vie qui vous jette en chemin - vol Easyjet vers la Corse annulé suite aux grèves en France - nous voici crapahutant sur les sentiers de la Via Francigena.

J'avais lu deux bouquins sur cette fameuse Via Francigena, notamment relevé qu'il fallait être particulièrement motivé pour l'aborder, vu l'absence quasi totale d'informations sur l'itinéraire, un marquage très aléatoire, la rareté des hébergements et l'ignorance du citoyen lambda susceptible de vous aider à trouver votre route entre les villages. Pas de Miam-Miam-Dodo, pas de petit Futé pour trouver sentier, piaule et pitance, en clair, il faut se débrouiller avec le système D et parlare con le mani.  Ca me plaisait assez de sortir des sentiers bien balisés, type Compostelle.

Après 8h30 de train, moment de bonheur, visite de Lucca, petite ville toscane intacte, abritée derrière 4 km de remparts, sans voiture, toute en couleurs et déclinant toute la gamme des charmes italiens.

Hébergement : auberge de jeunesse (si, si, e possibile), mais accueil mitigé, piaules froides, trop cher (58 euros sans petit déj).
http://www.hihostels.com/dba/hostels-Auberges-de-Jeunesses-Lucca---San-Frediano-031032.fr.htm

19 octobre 2010
Le lendemain, départ par un beau soleil, parcours sans histoire, mis à part quelques errements dûs à l'absence de marquage VF.
Rendons un grand hommage à Jean-Yves Grégoire et son guide précis. Jamais nous n'aurions trouvé notre chemin sans ses précieux itinéraires.
En chemin, café croissants avec les seuls marcheurs que nous rencontrerons pendant 4 jours. Le soir nous arrivons peu après eux à Altopascio où nous optons pour l'accueil gratuit des pélerins. Il n'y a qu'une seule chambre ...que nos deux compères se dépêchent de squatter.
Super accueil à la Bibliothèque de la Commune : aide à la recheche d'hébergement, téléphone, Internet, documentation, amabilité, serviabilité.... Le genre de services qu'on aimerait voir se développer chez nous en Suisse, dans certaines communes mais faut pas rêver !